
Le Premier ministre Ousmane Sonko reproche ouvertement au président Bassirou Diomaye Faye un manque de poigne dans une sortie particulièrement virulente, révélant des contradictions au sein de ce duo politique tant vanté jusqu’au-delà du pays.
Le Pastef serait-il en passe de voler en éclats un peu plus d’un an à peine après sa brillante accession au pouvoir ? Les conjectures vont bon train à cet effet au Sénégal depuis le jeudi 10 juillet où le Premier ministre et leader du parti Ousmane Sonko s’en est vertement pris au chef de l’État Bassirou Diomaye Faye.
« Certains actes sont inadmissibles. Je suis allé personnellement voir le président Bassirou Diomaye Faye parce que ce qui se passe, il peut y mettre un terme, s’il le veut vraiment. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? C’est une autre question », a lancé le chef du gouvernement, lors de l’installation du Conseil national de Pastef, alors que le président était en déplacement aux États-Unis.
À travers ce discours dans lequel Sonko n’épargne ni la presse, ni la société civile qualifiée de « fumiers » et pourquoi il veut interdire tout financement étranger, l’ancien inspecteur des impôts reproche au président de ne pas agir contre les « attaques » dont il se dit victime.
Un régime sous pression
« Ils passent leur temps à offenser un chef de famille sur les plateaux. Je lui ai dit (au président) que si j’étais moi-même président de la République, ces gens ne parleraient pas ainsi de moi. J’interpelle encore le président Bassirou Diomaye Faye. Qu’il règle [ce problème] ou qu’il me laisse le régler ! », a-t-il tonné, excluant toute idée de démission.
Cette sortie, la deuxième en dix jours sur un ton résolument offensif, intervient dans un contexte de pression sur le régime face aux défis croissants du pays. Le Sénégal est en effet privé d’un financement du FMI dans le cadre d’un accord de 1,8 milliard de dollars signé en juin 2023 sous l’ancien président Macky Sall, sur fond de dette cachée par le régime de ce dernier.
Cette situation qui s’éternise a de quoi mettre les nerfs des nouveaux dirigeants sénégalais à vif. La déclaration d’Ousmane Sonko reflète en tout cas un malaise au sein de l’appareil d’État.
Le spectre d’une implosion du régime
D’autant que l’opposition ne manque pas d’appuyer là où ça fait mal face à un régime qui avait promis monts et merveilles lors de sa conquête du pouvoir. Les observateurs ne manquent pas de souligner le rapport au pouvoir d’un Sonko qui a du mal à se défaire de ses habits d’opposant.
« Dans un pays comme le Sénégal, avec la pluralité démocratique du Sénégal, on a un premier ministre qui qualifie l’opposition de résidus […] ça veut dire que le gars est un dictateur« , a ainsi fustigé Yoro Dia, politologue et ancien ministre de Macky Sall.
Alors que la sortie d’Ousmane Sonko continue de nourrir le débat public, tous les regards se tournent désormais vers Bassirou Diomaye Faye. « Je ne suis pas très inquiet pour le moment, à la seule condition que le président ne réagisse pas. S’il venait à réagir, cela pourrait conduire à une crise politique et peut-être à une crise de régime », avertit le consultant international Tidiane Dioh.
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