
Le pays est-africain, déjà en proie à de multiples crises internes, semble désormais au bord du gouffre après la suspension de l’aide américaine à l’initiative du nouveau locataire de la Maison Blanche.
« Les gens ont complètement perdu espoir ». Les termes du cri d’alarme lancé dans les colonnes du journal Le Monde par Yirga Alemu, précédemment intervenant auprès du programme humanitaire Highlands Resilience Activity (HRA) de l’ONG Mercy Corps, sont à la hauteur du sentiment quasi général en Éthiopie depuis quelques semaines.
Dans ce pays enclavé et aride situé sur la Corne de l’Afrique où tout ou presque mérite une attention urgente et des moyens colossaux, le temps semble s’être arrêté pour des millions de personnes. En cause, les coups portés par Donald Trump à l’aide américaine internationale.
L’Agence américaine de développement (USAID) a en effet vu, consécutivement, ses financements gelés et ses programmes supprimés à 83% par le nouveau président des États-Unis engagé dans une politique des plus isolationnistes.
Le budget de l’institution est également passé de 37 milliards de dollars en 2023 à seulement 9 milliards désormais. Une coupe particulièrement préjudiciable pour l’Éthiopie, décrite comme un des plus grands bénéficiaires de l’aide américaine en Afrique subsaharienne.
Un état des lieux catastrophique
Le pays a en effet reçu 1,8 milliard de dollars de l’Usaid en 2023. Depuis, les différentes ONG actives dans la région se retrouvent démunies face à une population locale en mal de tout. À l’instar de Mercy Corps, dont le projet est entièrement financé par Usaid.
« Aujourd’hui, les déplacés du Tigré, plus de 1,5 million de personnes, dépendent totalement de l’aide américaine pour se nourrir« , témoigne Yirga Alemu, alors que le tableau n’est pas meilleur en région Amhara, secouée depuis avril 2023 par un conflit entre des milices et l’armée fédérale.
Là-bas, l’insécurité empêche les fermiers de vaquer à leurs occupations dans un contexte de sécheresse épouvantable pour les terres. « Le spectre de la famine n’est pas loin« , confie au Monde une source humanitaire qui préfère rester anonyme.
Un moment crucial d’introspection
Le secteur de la santé éthiopien n’est pas non plus épargné par les conséquences des coupes budgétaires opérées par l’administration américaine au sein de l’Usaid. Le programme de lutte contre le VIH sida est en péril dans ce pays où on dénombre 605 000 personnes séropositives, à en croire Le Monde.
Alors que les alertes se multiplient quant à la dégradation de la situation humanitaire, la communauté internationale reste étrangement silencieuse. Dans ce contexte, des voix émanant du continent appellent à une introspection des élites locales vis-à-vis de l’aide internationale.
« Il est difficile pour l’Afrique de dire aux États-Unis ce qu’ils doivent faire de l’argent de leurs contribuables. Ce qui m’importe, c’est ce que font les Africains. Pleurnicher pour l’aide n’est pas une stratégie de développement », avait cinglé Célestin Monga, ancien vice-président de la Banque africaine de développement et conseiller économique à la Banque mondiale, en février dans un entretien accordé au Monde.
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