Le conseiller municipal a saisi la justice administrative aux fins du renouvellement des instances du parti au pouvoir, le premier depuis plus de 14 ans.
« Le RDPC ne respecte plus ses propres statuts […] et son fonctionnement est devenu obsolète ». Léon Theiller Onana n’y va pas de main morte quand il se retourne contre le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti présidentiel dont il est par ailleurs un membre.
Ce conseiller municipal à Monatélé – un département de la région du Centre du Cameroun – a surpris son monde en déposant le 25 mars dernier, auprès du tribunal de première instance de la capitale Yaoundé, un référé en contestation de la « légalité et de la légitimité des instances dirigeantes du parti ».
À l’origine de cette démarche : le non-renouvellement de la formation présidée par le chef de l’État Paul Biya depuis septembre 2011, date du dernier congrès ordinaire. Autrement dit, il y a 14 ans. Une situation qui installe de fait, le parti dans l’illégalité, selon Onana.
« J’appartiens à une génération qui ne souhaiterait plus que les choses soient comme ça », indique-t-il dans les colonnes de RFI, alors que les textes du RDPC prévoient la tenue d’un congrès tous les cinq ans.
Pour la désignation d’un mandataire ad hoc
Sa plainte déposée devant la justice souhaite la désignation d’un mandataire ad hoc pour la convocation et la fixation de l’ordre du jour du congrès ordinaire du RDPC. Un préalable indispensable estime-t-il, à la légalité de la candidature du président à l’élection présidentielle de 2025.
Le scrutin censé se tenir en octobre prochain devrait, selon toute vraisemblance, voir Paul Biya au pouvoir depuis 43 ans, solliciter un huitième mandat. Un comble pour de nombreux militants de la société civile, notamment à l’étranger, qui plaident pour une régénération politique.
D’autant que le locataire du palais d’Etoudi désormais âgé de 92 ans, est en proie à de fréquents soucis de santé, plongeant le pays dans l’incertitude la plus totale.
Bataille de textes sur fond de positionnement stratégique
« On ne peut pas être dans un parti où tout est figé autour d’un individu. Je peux comprendre que les aînés qui sont partis de l’UNC pour le RDPC n’ont pas pu réactualiser leur logiciel mental, mais il est temps qu’ils prennent en compte les aspirations d’une nouvelle génération. (…) On n’a pas besoin d’avoir vingt ans au sein du RDPC pour apporter des réformes », cingle Léon Theiller Onana dont l’initiative met le parti dans l’embarras, au micro de RFI.
Le RDPC l’accuse notamment d’une mauvaise interprétation des statuts. Car, d’après le communicant du parti Patrick Rifoe interrogé par radio française, le bureau politique peut prolonger les délais conformément à l’article 18.
« Les jeunes au sein du RDPC ne sont pas des impatients. Lui semble être un impatient. (…) C’est un général sans troupes, et donc il ne constitue pas une menace pour qui que ce soit », tranche Rifoe à propos d’Onana.
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