Nigeria : les manifestations pourraient reprendre en octobre

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Au Nigeria, le mouvement de protestation contre la vie chère et la mauvaise gouvernance a pris fin le samedi dernier après dix jours de violences et de répression de la police. Les manifestants promettent de remettre le couvert en octobre prochain, estimant que le pouvoir n’a pas répondu à leurs revendications.

Débuté le 1er août 2024, les manifestations contre la vie chère et la mauvaise gouvernance au Nigeria ont pris fin le samedi 10 août, comme convenu par les instigateurs de ce mouvement baptisé « End Bad Governance In Nigeria » (« Mettre fin à la mauvaise gouvernance au Nigeria »). Les protestataires promettent de redescendre dans la rue dès le 1er octobre prochain, estimant que le gouvernement n’a pas répondu à leurs revendications.

Coût élevé de la vie et salaire bas au Nigeria

Sans leader déclaré et sans une coordination nationale, le mouvement #EndBadGovernanceInNigeria (sur les réseaux sociaux) souhaite mettre fin à la cherté de la vie, notamment par l’annulation de la suppression des subventions pétrolières, la fin de la corruption et la mauvaise gouvernance qui affectent des millions de personnes dans les pays les plus peuplés d’Afrique. Au total 13 revendications ont été posées pour réduire la pauvreté dans un contexte de flambée des prix.

Au Nigeria, où la monnaie nationale (naira) connait une forte dévaluation ces derniers mois, l’inflation annuelle s’élève à 34,19 %, soit le taux le plus élevé depuis près de trois décennies. Les prix des denrées alimentaires grimpent, notamment dans la capitale Lagos. Et l’augmentation du salaire minimum (qui passe de 30 000 à 70 000 nairas, soit de 17 à 40 euros) ne résout pas le problème.

Bola Tinubu a suspendu des subventions vitales

Dans certaines régions, la situation est pire qu’ailleurs. Par exemple dans l’État de Sokoto (nord), le plus pauvre du Nigeria, 91 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. La population impute son sort à la mauvaise distribution des richesses dans ce pays pétrolier. Malgré ces difficultés économiques, le président Bola Tinubu, élu en mai 2023, a choisi de mettre fin à certaines mesures sociales.

Il avait décidé de la suspension des subventions accordées depuis des décennies par l’État au prix du carburant pour le rendre accessible à tous. Selon lui, cette mesure devrait soulager les finances publiques d’une lourde charge qui les écrase depuis des décennies. Mais c’est elle qui a déclenché les violentes manifestations de ces derniers jours et entraîné une série d’autres revendications.

Les protestataires restent sourds à l’appel au dialogue

Des manifestations spontanées avaient éclaté dans tout le pays, notamment dans les régions du nord. Il y a eu plusieurs casses et pillages dans les Etats de Kaduna, Borno, Kano, Yobe, Jigawa, Katsina et Plateau. La police nigériane, connue pour sa brutalité, a évidemment répondu par une répression sanglante. Selon Amnesty International, 22 manifestants ont été tués dans six États, dont un enfant de 16 ans.

Les forces de l’ordre ont également arrêté au moins 700 manifestants et accusé certains d’être financés par l’étranger. Les associations de défense des droits humains, la société civile et des militants ont réclamé que les responsables de ces décès soient tenus pour responsables et jugés en conséquence. Pour sa part, Bola Tinubu a lancé un appel au calme et au dialogue le dimanche 4 août.

Bola Tinubu bientôt dans une situation inconfortable ?

La CEDEAO a également appelé les manifestants à saisir la main tendue par leur président. Mais rien n’y fit. Ces protestataires ont poursuivi leurs actions comme prévu, jusqu’au 10 août. Ils s’étaient donné 10 jours de manifestations, après quoi il y aurait une pause. A présent, certains d’entre eux fixent la date du 1er octobre pour la reprise du combat. Cette fois-ci, la société civile pourrait s’impliquer davantage pour mieux structurer le mouvement, dont la durée reste indéterminée. Bola Tinubu risque de se retrouver dans une situation inconfortable. Au Kenya, son homologue William Ruto s’en est sorti de justesse.


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