Mali : Diomaye Faye tente de ramener l’AES dans la CEDEAO, en vain ?

Le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, s’est rendu à Bamako en fin de semaine dernière dans le cadre d’une visite d’amitié et de bon voisinage. Lors de son séjour, il a tenté de convaincre le Mali et ses alliés de l’AES (Burkina Faso et Niger) de revenir dans la CEDEAO. Mais ces trois pays ont déjà signifié que leur départ était irréversible. Le chef d’Etat sénégalais perd-t-il son temps ?

Le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, s’est rendu à Bamako (Mali) le 30 mai 2024 dans le cadre d’une visite d’amitié et de bon voisinage. A l’occasion de ce séjour, il a rencontré les autorités de la transition malienne, avec à leur tête le colonel Assimi Goïta. Au menu des discussions : la relation conflictuelle entre l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

La position du Mali «rigide », mais « pas totalement inflexible »

Après un tête-à-tête avec son hôte, le président Faye s’est confié à la presse. Il a dit avoir discuté du retrait de la CEDEAO et demandé au Mali d’y revenir, ainsi que le Burkina Faso et le Niger. Selon lui, la position de Bamako sur ce sujet reste « rigide », mais « pas totalement inflexible ». Tant qu’il y a un espoir de concilier les positions, il pense qu’il faut le faire. Bassirou Diomaye Faye reconnait que la CEDEAO est « malmenée » (par qui ?), mais assure qu’elle reste « un outil formidable d’intégration [que] nous gagnerons à préserver ».

Diomaye dit n’avoir pas été mandaté

D’après le chef de l’Etat sénégalais, il faut simplement « faire les réformes nécessaires et œuvrer à dissiper les incompréhensions » pour retrouver une CEDEAO de l’unité ouest-africaine. Après avoir défendu ainsi l’organisation sous-régionale décriée, il a juré n’avoir été « mandaté par aucune instance de la CEDEAO », ni même par une puissance étrangère. Pas sûr qu’il ait convaincu Assimi Goïta et ses camarades, qui y voient l’ombre de la France. D’ailleurs, ils pourraient penser que Faye va faire le point à Emmanuel Macron, lors de son déplacement en France le 20 juin prochain.

Diomaye partage le discours panafricaniste et souverainiste

Bassirou Diomaye Faye est pourtant le mieux placé pour convaincre les putschistes de l’AES de revenir dans la CEDEAO. Il partage avec eux le discours panafricaniste et souverainiste, quoi que moins populiste. Comme les militaires, il souhaite mettre fin à la « Françafrique » ainsi qu’au Franc CFA. Mais, contrairement à eux, il prône une voie négociée. Le binôme d’Ousmane Sonko se veut aussi plus pragmatique et ouvert au monde occidental.

Le point de rupture a été atteint, selon Bamako

Bassirou Diomaye Faye joui ainsi d’une estime auprès de ses pairs de la sous-région et de la communauté internationale. Il se présente comme le médiateur idéal dans cette crise de confiance. Cependant, cela pourrait ne pas suffire à convaincre les putschistes de réintégrer l’institution ouest-africaine. Le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, l’a d’ailleurs clairement signifié le dimanche 2 juin. Il a dit que la décision de Bamako était irréversible et que « le point de rupture a été atteint ».

Bien beau de s’opposer à la Françafrique, mais il faut réinstaurer l’ordre constitutionnel

Le chef de la diplomatie malienne ajoute que son pays ne peut pas réintégrer une organisation « qu’on ne contrôle pas » et dont « la télécommande se trouve à Paris ». Au lieu de revenir dans la CEDEAO, il invite même celle-ci à intégrer l’AES, qui ne serait manipulé par personne, pas même par la Russie.


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