De Beers espère trouver un accord de vente de diamants d’ici la fin juin, alors qu’il est engagé depuis plusieurs mois dans des renégociations avec le gouvernement du Botswana. C’est en tout cas le souhait émis par son PDG Al Cook lors du salon JCK à Las Vegas.
Depuis février dernier, De Beers et le gouvernement du Botswana renégocient leur accord de vente de diamants décennal. Prévu prendre fin en 2021, ce contrat a été prolongé jusqu’à juin 2023 pour laisser passer la pandémie du Covid. Le pouvoir botswanais souhaite un nouveau texte plus favorable à ses intérêts. Il a menacé de rompre les liens s’il n’obtenait pas satisfaction. « Si nous ne parvenons pas à une situation gagnant-gagnant, chaque partie devra faire ses bagages et rentrer chez elle », avait prévenu le président Mokgweetsi Masisi.
Des parts passées de 10% à 25% en cinq ans
L’accord signé en 2011 entre Gaborone et le géant du diamant De Beers prévoyait que la compagnie minière prenne 90 % des diamants bruts produits par Debswana – une coentreprise à parts égales avec l’Etat (50-50) – et donne les 10% restants au Botswana. Mais les deux parties l’ont renégocié en 2018 et en 2020 pour relever la part de l’Etat botswanais à 15 puis 25%. Ce qui a permis au pays de devenir le premier producteur de diamants d’Afrique. Parallèlement, le groupe minier reverse 85% des bénéfices de ses ventes de diamants bruts au gouvernement et finance des projets sociaux. Il fournit ces efforts alors qu’il fait face à d’importants coûts d’exploitation.
Pas de victoire pour De Beers sans victoire pour le Botswana
De Beers ne comprend donc pas la nouvelle demande de Gaborone, qui menace de céder le marché à une entreprise belge. Les experts du secteur préviennent qu’un changement brusque pourrait désorienter tout un écosystème (entrepreneurs, sightholders, usines, détaillants et financiers). Ils espèrent que les deux parties trouveront rapidement un accord pour l’intérêt de tous. Interrogé à ce sujet lors du salon JCK à Las Vegas, le PDG de De Beers a dit espérer un accord d’ici la fin juin. « Je suis convaincu que nous parviendrons à un accord, mais c’est un accord que nous devons respecter. Il n’y aura pas de victoire pour De Beers sans victoire pour le Botswana », a déclaré Al Cook.
Nécessité de respecter quelques principes de l’accord
Invité à en dire plus sur la teneur des discussions avec l’Etat botswanais, le dirigeant a répondu qu’il ne pouvait « pas commenter ce qui se passe dans les négociations, mais il y a vraiment quelques principes importants ». Notamment le respect d’un partenariat de longue date (54 ans) avec le Botswana. Al Cook dit également comprendre et considérer « ce que le gouvernement du Botswana demande en termes de développement de ce partenariat ». Par ailleurs, il souhaite cette fois parvenir à « des accords qui doivent résister à l’épreuve du temps pour les prochaines décennies ».
Des mines en exploitation dans quatre pays
Outre le Botswana, De Beers opère en Namibie, en Afrique du Sud et au Canada. Dans ces pays, les accords ne font pas encore l’objet d’une révision. Le groupe a également des activités d’achats et ventes dans d’autres Etats comme l’Inde et la Russie, qu’il a quitté depuis l’année dernière à cause de l’invasion de l’Ukraine. Accusé récemment de continuer d’acheter des diamants russes, la compagnie a fermement rejeté ces allégations qu’elle qualifie de calomnieuses. Elle fait valoir sa quête éternelle de transparence, visible notamment à travers sa blockchain Tracr, qui assure une clarté sur toute la chaîne de valeur.
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