La Gambie à l’apprentissage de la démocratie

Le pays d’Afrique occidentale voit sa première présidentielle post-Yahya Jammeh, contestée. La gestion de ce contentieux pourrait prédéfinir la trajectoire de ce petit territoire autrefois tenue de main de maître par un dictateur.

La Gambie est-elle prête à basculer définitivement dans la démocratie ? Pour un État longtemps sous la coupe d’un régime dictatorial, la transition peut s’avérer bien sinueuse. Quoi qu’il en soit, la réponse à la question dépendra des prochains épisodes après la présidentielle du samedi 4 décembre.

Le scrutin s’est déroulé sans heurts et dans des conditions acceptables, selon de nombreux observateurs. Mais il a fait naître un désaccord, notamment à propos des chiffres communiqués le lendemain par la commission électorale. Cette dernière a en effet crédité le candidat sortant, Adama Barrow, de 53% des voix contre 27,7% pour son principal adversaire, Ousainou Darboe.

Contestations

Autant dire une victoire confortable pour l’ancien promoteur immobilier de 56 ans, tombeur de Jammeh cinq ans plus tôt. Reste que ses challengeurs, trois d’entre eux en l’occurrence, ne sont pas d’accord. Dans une déclaration publiée dimanche, Ousainou Darboe, Mama Kandeh et Essa Mbye Faal, contestent les résultats du vote en raison d’irrégularités dont la nature reste inconnue. Les contestataires se disent par ailleurs prêts à tous les moyens d’action afin d’obtenir gain de cause.

Le flou persiste donc quant à la stratégie à employer par les trois candidats. Ils ont appelé la population à rester calme, mais les vieux démons de la violence pourraient surgir très vite à cause des stigmates causés par les 22 années de dictature de Yahya Jammeh. Contraint à l’exil en Guinée équatoriale en 2016 après le refus de reconnaître la victoire de Barrow, l’ancien officier de l’armée a régné sur la Gambie d’une main de fer pendant plus de deux décennies à force d’intimidations, de tortures et d’autres exactions.

Quête de justice

C’est sur les cendres de cette présidence de la terreur qu’Adama Barrow avait été élu, promettant de donner au pays d’un peu plus de deux millions d’habitants, un meilleur visage. Mais au terme d’un premier mandat, son bilan reste mitigé. La Gambie dispose désormais d’une place dans le concert des nations, mais la majeure partie de la population a toujours du mal à joindre les deux bouts. La crise du Covid ayant exacerbé la conjoncture économique.

La communauté internationale espère que le processus électoral en cours ira à terme sans accroc. Quant aux victimes de l’ère Jammeh récemment confortées par un rapport, elles n’ont qu’un mot à la bouche : justice.


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