La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala devrait prendre la direction de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), aux dépens de la Sud- Coréenne Yoo Myung-hee. Elle a déjà eu le soutien de 79 pays sur les 164 Etats membres de l’organisation multilatérale.
On connaîtra au plus tard le 7 novembre 2020 le nom de celle qui remplacera le Brésilien Roberto Azevêdo à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En effet, deux candidates restent en lice pour occuper la présidence de l’organisation. Il s’agit de la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee, 53 ans, et de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, 66 ans. Elles ont été choisies le 8 octobre dernier, parmi cinq candidats et à l’issue d’un long processus qui a enregistré la candidature de plusieurs africains, pour la première fois.
Dans cette dernière ligne droite, Ngozi Okonjo-Iweala a la faveur des pronostics. Déjà adoubée par 70 Etats, dont les 55 de l’Union africaine, la Nigériane devrait aussi compter sur plusieurs personnalités africaines et européennes de premier plan qui viennent de signer une déclaration de soutien à sa candidature. D’une part, notons le soutien des présidents sénégalais Macky Sall, burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et ghanéen Nana Akufo-Addo pour ce qui concerne l’Afrique. D’autre part, celui de l’ex-président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, et des anciens chefs d’Etat Horst Köhler (Allemagne), Romano Prodi (Italie) ou Felipe Gonzalez (Espagne) du côté de l’Europe.
Les avis de la Chine et des Etats Unis très attenus
Le président sud-africain et en exercice de l’UA, Cyril Ramaphosa, se dit optimiste quant aux chances de la candidate africaine, dont « le leadership contribuerait à la pleine intégration du continent en tant qu’acteur important du système commercial mondial ». Mais, la Chine et les Etats-Unis, engagés dans un conflit commercial, n’ont pas encore officiellement donné leur avis pour la décision finale. Leurs choix pèsent de tout leurs poids, comme celles d’autres grandes puissantes. Parmi elles, la France qui a, sans surprise, une préférence pour la candidate africaine. La plus part des membres de l’OMC s’accordent, en tout cas, à dire que c’est au tour de l’Afrique d’occuper la présidence, même si les statuts de l’organisation ne prévoient pas de rotation géographique pour ce poste.
Des études au MIT et à Harvard
Ngozi Okonjo-Iweala a exposé, lors d’un point-presse par visioconférence, pourquoi elle estime avoir le bon profil pour sortir l’OMC des difficultés dans lesquelles elle se trouve. « L’OMC a besoin d’un directeur général très compétent qui soit capable d’avoir les contacts et la stature politiques pour être capable de mettre les réformes en œuvre et de négocier à un très haut niveau tant dans les capitales qu’à Genève », a-t-elle fait valoir. Mieux, la dirigeante africaine a un très bon CV. Née en 1954 à Ogwashi-Ukwu, dans le delta du Niger, Ngozi Okonjo-Iweala a passé la majorité de sa vie aux Etats-Unis, où elle a étudié dans deux universités prestigieuses, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard. Deux fois ministre des Finances du Nigeria, elle a débuté sa carrière à la Banque mondiale en 1982, y travaillant durant 25 ans.
Renforcer le rôle de l’OMC pour contrer le protectionnisme
En cas de victoire, Ngozi Okonjo-Iweala se donne deux priorités pour son mandat. D’abord, elle voudrait présenter à la mi-2021 un accord sur les subventions à la pêche, discutées en ce moment à Genève, pour démontrer que l’OMC peut encore produire des avancées multilatérales. Ensuite, elle souhaiterait rebâtir l’organe de règlement des différends, le tribunal de l’OMC qui a été torpillé par l’administration Trump. « Le rôle de l’OMC doit maintenant être renforcé afin de contrer les formes de protectionnisme et d’unilatéralisme qui affectent de manière dramatique le système multilatéral », affirment pour leur par les soutiens africains et européens de Ngozi Okonjo-Iweala. Selon eux, elle « donnera un coup de fouet aux efforts du continent [africain, Ndlr] pour occuper une place dans le commerce international qui correspond à son poids réel et à ses potentialités ».
Un précédent échec en 2012
Avant le 7 novembre 2020, la Sud- Coréenne Yoo Myung-hee et Ngozi Okonjo-Iweala seront auditionnées par le Parlement européen. Quelle que soit l’issue des votes, une femme occupera pour la première fois la présidence de l’OMC, vacante depuis le 31 août. Si elle obtenait le poste, Ngozi Okonjo-Iweala ferait d’une pierre deux coups. L’Afrique étant aussi à ce jour le seul continent à n’avoir jamais dirigé l’OMC. La Nigériane avait échoué en 2012 face à l’Américano-Coréen Jim Yong Kim.
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