Côte d’Ivoire : l’opposition reste dans sa logique de « boycott actif » de l’élection présidentielle

Henri Konan Bédié et Affi N'Guessan, lors de l'appel au boycott actif, le vendredi 16 octobre 2020.

 

Les deux principaux candidats de l’opposition, Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan, ont confirmé vendredi leur appel au « boycott actif » de l’élection présidentielle du 31 octobre prochain. Le pouvoir, lui, parle de fuite en avant et met en garde les éventuels fauteurs de troubles.

Affi et Bédié haussent le ton

L’opposition ivoirienne a franchi jeudi, jour de l’ouverture officielle de la campagne, un nouveau pas vers le boycott de l’élection présidentielle du 31 octobre. Ses principaux dirigeants, l’ancien Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan, et l’ex-président Henri Konan Bédié demandent à leurs partisans de boycotter les opérations électorales et la campagne par tous les moyens. Ils invitent leurs militants à « empêcher le convoyage et la distribution de tout matériel électoral, l’affichage électoral, les meetings de campagne, la distribution et le retrait des cartes d’électeurs ». Ils les appellent également à manifester « dans les formes et par tout moyen approprié l’opposition au coup d’Etat électoral en cours ».

Ce boycott total du processus électoral s’inscrit dans la continuité de la désobéissance civile lancé le week-end dernier lors du premier grand meeting de l’opposition. Pour l’instant, cette action est peu suivie, moins à cause du désintérêt de ses sympathisants, que par la peur des représailles des forces de l’ordre et des milices du pouvoir. Lors du meeting du samedi 10 octobre, des partisans d’Alassane Ouattara auraient d’ailleurs attaqué des convois de l’opposition.

Diverses interprétations pour un seule Constitution

Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié rejettent la candidature du président sortant, qu’ils jugent illégale. La Constitution a été changée en 2016 et le camp présidentiel estime que le compteur de ses mandats a été remis à zéro. Ce que conteste l’opposition, qui demande à Alassane Ouattara de se retirer après ses deux mandats réglementaires. Elle l’invite par ailleurs à respecter sa parole, parce qu’il avait annoncé en mars dernier qu’il n se représenterait pas. Une annonce saluée par Emmanuel Macron, comme un signal fort envoyé aux autres présidents africains. Mais, contre toute attente, Ouattara a rétropédalé en août dernier en raison, selon lui, du décès de son successeur à la tête de son parti, le RHDP : Amadou Gon Coulibaly.

Kouadio Konan Bertin, seul candidat restant

La position de l’opposition fait craindre des troubles politiques majeurs en Côte d’Ivoire, à l’image de ceux qui ont eu lieu en 2010 entre partisans de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara. Le conflit avait fait 3 000 morts et un demi-million de déplacés. Mamadou Touré, le ministre de la Promotion de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, considère la stratégie de l’opposition comme une fuite en avant dans une logique antidémocratique.

Actuellement, seul l’ancien député Kouadio Konan Bertin (KKB) reste en course pour la présidentielle. L’opposition le qualifie de faire-valoir et de plus grosse honte de l’histoire de la Côte d’Ivoire. En effet, il aurait pour mission d’accompagner Ouattara dans sa forfaiture. De son côté, le pouvoir ne fait que le dorloter ces dernières semaines, lui consacrant même davantage de temps sur la chaîne nationale.


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