Le gouvernement fédéral du Nigeria a dissout dimanche une unité de la police, après une forte mobilisation des jeunes et des artistes à travers tout le pays et à l’étranger. Baptisée SARS cette brigade est accusée d’extorsion de la population, d’arrestations illégales, de torture et même de meurtre.
Les autorités nigérianes ont annoncé la dissolution d’une unité de police controversée, dimanche 11 octobre, après une semaine de forte mobilisation de la jeunesse, portée par les stars du cinéma et de la musique, notamment sur les réseaux sociaux. Les protestataires accusent la Special Anti-Robbery Squad (SRAS), la Brigade spéciale de répression des vols de la police nigériane, d’extorsion de la population, d’arrestations illégales, de torture et même de meurtre. En effet, des agents présumés de cette unité aurait tué un homme à Ughelli, dans l’Etat du Delta (sud), la semaine dernière. Cet incident a suscité la colère des organisations de jeunes, qui ont créé le mouvement #EndSARSnow sur les réseaux sociaux et sont descendues dans les rues des plus grandes villes du pays dont Abuja et Lagos.
Des stars nigérianes et anglaises aux côtés des manifestants
Les médias sociaux ont joué un rôle important dans les manifestations, montrant au monde entier ce qui se passe au Nigeria. De nombreuses célébrités du pays ont ainsi apporté leur voix à la contestation. Parmi elles, les chanteurs Runtown et Falz, qui ont appelé leurs fans à rejoindre la contestation. La star de l’afropop Burna Boy (5,7 millions d’abonnés sur Instagram) a aussi acheté samedi de gigantesques espaces publicitaires d’une dizaine de mètres de haut pour y afficher le slogan #EndSARSNow à travers le Nigeria.
De son côté, Wizkid a écrit qu’il soutenait la mobilisation. « Nous avons gagné ! », a-t-il lancé après l’annonce de la dissolution de la SRAS, lors d’un rassemblement de plusieurs centaines de personnes devant l’ambassade du Nigeria à Londres. « Votre voix a été entendue, c’est un nouveau Nigeria, nous n’avons pas peur de parler », a ajouté le chanteur de 30 ans, qui compte près de 20 millions d’abonnés sur Instagram et Twitter réunis. Par ailleurs, le mouvement a enregistré le soutien des footballeurs allemand Ozil, nigérian Ndidi ou encore anglais Rashford et Tammy Abraham, d’origine nigériane.
La lutte continue malgré la dissolution de la brigade
« C’est fantastique, mais nous devons maintenant être sûrs que les promesses seront tenues et que les chefs de la SARS ne seront pas à la tête d’autres brigades policières », a déclaré Aminat Sule, 20 ans, l’un des organisateurs des manifestations. « Cette dissolution n’est pas suffisante pour avoir la garantie […] que tous les agents de police, de la SARS et des autres unités, soient condamnés s’ils commettent des abus », a insisté le directeur d’Amnesty International au Nigeria, Osai Ojigho.
Les manifestants nigérians ont donc promis de poursuivre leur campagne pour obtenir justice pour les victimes de brutalités policières et une refonte totale de l’appareil de sécurité. Le Nigeria, pays de 200 millions d’habitants, souffre déjà de nombreuses violences, dont celle du Delta (Sud) et du nord avec la secte islamiste Boko Haram.
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