Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé jeudi 5 mars qu’il ne briguerait pas un troisième mandat à l’occasion de l’élection d’octobre 2020. Au pouvoir depuis 2010, il avait laissé pendant longtemps planer le doute sur une possible candidature, changeant sans cesse de discours.
Le président ivoirien a annoncé qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle d’octobre 2020. Alassane Ouattara a justifié sa décision par le « respect de [ses] engagements » (pas de la Constitution ?).
Ouattara veut sortir par la grande porte
« Je vous annonce solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », a lancé le chef de l’Etat ivoirien, devant les 352 parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale réunis en Congrès extraordinaire dans l’amphithéâtre de la Fondation Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro. « Tout au long de ma carrière, j’ai toujours accordé une importance particulière au respect de mes engagements. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat en 2020 », a justifié Alassane Ouattara. Puis d’ajouter : « Cela a été un honneur de servir mon pays ».
Alassane Ouattara, 78 ans, avait été élu en 2010 (les résultats contestés avaient conduit à une crise post-électorale) et largement réélu en 2015 après le boycott de l’opposition significative (notamment le FPI de Laurent Gbagbo). Le président ivoirien a longtemps laissé planer le doute sur son éventuelle candidature à un troisième mandat. Cependant, en décembre 2019, lors d’une visite d’État dans le Hambol (nord), il avait déjà déclaré « qu’après deux mandats, il faut passer la main ». Mais il avait sous-entendu que si Henri Konan Bédié et éventuellement Laurent Gbagbo se présentaient, il trouverait « une autre solution, y compris celle de continuer. ».
« C’est une leçon pour tous les présidents africains »
Le retrait d’Alassane Ouattara a été salué par la majorité des Ivoiriens (même si la loi le lui imposait) car il aurait pu se maintenir, comme presque tous les chefs d’Etat africains. Les partisans et cadres du pouvoir ont parlé d’une décision historique et exemplaire. « C’est l’expression d’un grand homme, un homme d’honneur. Alors qu’il a tout pour rester au pouvoir, il s’en va. C’est une leçon pour tous les présidents africains et les anciens présidents », a déclaré à Jeune Afrique Adama Bictogo, directeur exécutif du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti présidentiel. « Le président a mis en avant l’unité nationale et la réconciliation, la consolidation de la paix. Il a agi avec beaucoup de responsabilités. C’est une grande leçon qu’il donne à la classe politique », a commenté de son côté Anne Ouloto, ministre de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement durable.
L’opposition veille au grain
S’ils louent la décision d’Alassane Ouattara, les militants et leaders de l’opposition restent prudents. Ils prennent l’annonce avec des pincettes. Certains accusent Ouattara de se donner bonne image pour imposer après une longue transition sous le prétexte farfelue d’une instabilité. D’autres, plus raisonnables, estiment que cette annonce ne doit pas distraire les opposants. L’enjeu maintenant c’est de veiller à ce que la présidentielle prochaine soit transparente et juste. Or actuellement les négociations butent sur la composition de la Commission Electorale Indépendante (CEI). Le président Ouattara veut par ailleurs modifier la Constitution pour la deuxième fois en seulement quatre ans.
La nouvelle Constitution devrait notamment prolonger le mandat des parlementaires en cas d’impossibilité d’organiser les élections dans les délais prévus…
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