Les armes ont montré leurs limites
La crise sécuritaire au Mali perdure depuis plus de 7 ans. Bien que l’opération Serval ait balayé les djihadistes en 2012, ceux-ci ont fait un retour en force ces derniers mois. Désormais, ces terroristes ne menacent plus seulement le Mali, mais aussi le Burkina Faso (où a lieu plusieurs incursions mortelles) et le Niger. Cette situation est très paradoxale puisqu’il y a une forte présence militaire dans la région, notamment l’opération Barkhane qui compte 4000 soldats. Outre les forces françaises, l’on compte des contingents africains, dont ceux de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), et européens. « Les armées française, américaine, canadienne, allemande et autres ont pris pied dans la sous-région pour, disent-elles, combattre le terrorisme. Et malgré cette présence massive des plus grandes armées du monde, les groupes terroristes continuent à sévir et montent en puissance », a lancé le porte-parole de plusieurs organisations civiles, lors d’une manifestation devant la Bourse du travail de Ouagadougou en octobre dernier.
Ce sentiment anti-impérialiste, fondé ou pas, montre que la réponse militaire ne pourra pas venir seule à bout du terrorisme au Sahel, et plus précisément au Mali. Le mal est plus profond. Tant que la pauvreté et les inégalités continueront de prospérer au nord Mali, le terrorisme continuera de renaître, comme repousse la tête de l’hydre. Le Mali est classé parmi les pays pauvres très endettés (PPTE) et il est largement dépendant des donateurs internationaux. Selon la Banque mondiale, 42,7% des Maliens vivaient dans une pauvreté extrême en 2017, tandis que le taux de chômage s’élevait à 8% en 2018.
Aliou Boubacar Diallo pour une paix durable
Cette paupérisation de la société malienne est encore plus dramatique au nord. Gao, Kidal et Tombouctou sont devenus les parents pauvres du développement au Mali. Cette situation créé notamment des tensions entre les communautés (Dogon et Peul) et nourrit le djihadisme. Ce dernier recrute essentiellement parmi les couches sociales les plus défavorisées. On ne s’étonne donc pas de ne retrouver que des agriculteurs et des éleveurs parmi les combattants de la Katiba Macina, du peul Amadou Koufa.
Face à cette situation, il est devenu indispensable de faire accompagner la réponse militaire et sécuritaire de projets de développement socio-économique. Car la guerre contre les terroristes ne peut pas être gagnée si on ne redonne pas espoir et confiance aux populations. Un candidat de l’élection présidentielle 2018 au Mali avait déjà compris cela. Il s’agit d’Aliou Diallo, homme d’affaires malien à la tête de Petroma Inc, pionnière mondiale de l’exploitation de l’hydrogène naturel. Lors de sa campagne présidentielle, il avait proposé un ambitieux plan Marshall pour sortir définitivement le Mali de la crise. Il associe dans ce plan, approches sécuritaires et socio-économiques.
Les grands axes du plan Marshall d’Aliou Boubacar Diallo
L’entrepreneur malien préconise d’abord de lever 15 000 milliards de francs (23 milliards d’euros) sur cinq grâce aux emprunts d’État, des bailleurs de fonds et de partenariats privé-public. Il compte utiliser 500 milliards de FCFA pour la création de 20 000 entreprises d’ici 2023. Il est convaincu que c’est en créant des entreprises que les jeunes Maliens s’en sortiront, non en travaillant dans celles (très peu) déjà existantes.
Ensuite, M. Diallo a promis d’investir 2 000 milliards de FCFA en cinq ans pour financer un vaste programme de construction d’infrastructures à travers le pays et surtout au nord : hôpitaux, dispensaires, écoles, centrales électriques, puits, ponts… Par ailleurs, plus de 2 000 milliards de FCFA seront consacrés à la modernisation de la fonction publique malienne et surtout au renforcement de l’armée afin de lui donner les moyens d’effectuer ses missions de sécurisation du territoire face aux groupes rebelles.
C’est en mettant plus l’accent sur ces projets de développement et de modernisation de l’administration, que le Mali pourra connaître une croissance plus forte et plus inclusive et donc gagner la guerre contre le terrorisme.
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