La dixième édition du programme « Pour les femmes et la science » en Afrique Sub-Saharienne, lancé par la fondation L’Oréal et l’Unesco, s’est tenue cette semaine à Dakar, au Sénégal. A cette occasion, vingt doctorantes et post-doctorantes originaires de quinze pays africains ont été honorées pour avoir fait preuve d’excellence dans les sciences.
2,4% seulement des scientifiques sont africains, dont 30% de femmes
En Afrique subsaharienne, de nombreuses difficultés se dressent devant les scientifiques dans leurs recherches. Le principal obstacle est le manque de financement et l’insuffisance des ressources qui impactent lourdement les infrastructures des laboratoires et la qualité de la recherche. On ne s’est donc pas étonné, l’an dernier, de compter seulement 2,4% de scientifiques africains parmi les chercheurs dans le monde, dont 30% de femmes. Pour les femmes, c’est encore plus compliqué car il faut aussi prendre en compte les traditions profondément ancrées sur le continent. La société attribue certains rôles aux femmes, celle d’épouse et de mère, notamment. Ce qui n’encourage pas les jeunes filles à entamer des études scientifiques.
Octroi de bourses de 10 000 à 15 000 euros pour
C’est pour donner sa place à la femme, dans la recherche scientifique africaine, que la fondation L’Oréal et l’Unesco ont initié le programme « Pour les femmes et la science » en Afrique Sub-Saharienne. La dixième édition a eu lieu cette semaine à Dakar, au Sénégal. Vingt jeunes doctorantes et post-doctorantes originaires d’une quinzaine de pays d’Afrique subsaharienne, pionnières dans de nombreux domaines scientifiques, ont été sélectionnées parmi près de 400 candidates. Ces informaticiennes, ingénieures ou biologistes ont bénéficié d’une formation au leadership afin de leur permettre d’être mieux armées dans la suite de leur carrière. Elles ont reçu jeudi des bourses de 10 000 à 15 000 euros pour soutenir leurs travaux.
Parmi ces femmes, la Sénégalaise Najah Fatou Coly, pharmacienne biologiste, qui fait des recherches sur la lutte contre les infections survenant lors de l’accouchement. Pour elle, ce rendez-vous, « c’est encourageant. Ça montre que les femmes commencent à se mettre dans la science. Les thématiques qui sont étudiées par les différentes lauréates sont d’actualité, et elles essaient de régler des problèmes, des problèmes de santé publique, des problèmes par rapport à l’environnement. ». La Camerounaise Francine Tankeu, 31 ans, étudie pour sa part l’alliage de la biochimie et des plantes pour soigner la leucémie. Avec le financement de la fondation L’Oréal et l’Unesco, la chercheuse espère poursuivre ses travaux au Cameroun, même si la majorité de ses collègues sont partis à l’étranger.
L’Afrique ne peut pas se passer des femmes pour son développement
Il est important de donner sa place aux femmes dans la recherche scientifique en Afrique d’autant plus qu’elles constituent plus de la moitié de la population du continent. Or l’Afrique a aujourd’hui besoin de la science et de l’innovation pour se développer. Sans une percée de ces domaines, la croissance économique restera vaine pendant longtemps encore. « Pour que nous allions en tant que continent vers la transformation structurelle de notre économie, on a besoin des sciences. Et on ne peut pas se passer de plus de la moitié que constitue la population féminine », a d’ailleurs rappelé Dimitri Sanga, le directeur du Bureau régional multisectoriel de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest.
Selon la directrice générale de la Fondation L’Oréal, Alexandra Palt, ces prix concourrent aussi à la lutte pour l’émancipation et les droits des femmes. « Aujourd’hui, notre but avec la Fondation L’Oréal, c’est de rendre visibles ces femmes qui rencontrent trop d’obstacles liés principalement à la maternité et au harcèlement sexuel, les mettre en valeur, montrer qu’elles sont là et qu’elles sont prêtes à prendre la responsabilité qu’il faut pour répondre aux enjeux du monde et du continent, en particulier », a-t-elle indiqué.
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