Algérie : vers un affrontement entre le Hirak et l’armée ?

Drapeau de l'Algérie

 

Le 40e vendredi du mouvement populaire Hirak a encore mobilisé des milliers de personnes à Alger, alors que l’armée commence à durcir le ton. Les manifestants, toujours aussi intransigeants, refusent pacifiquement la tenue de l’élection présidentielle le 12 décembre prochain. Ils réclament la mise en place d’une transition, la nomination d’un président et d’un gouvernement de consensus.

« Nous demandons la liberté et on ne fera pas marche arrière »

A Alger, plusieurs rues du centre-ville étaient noires de monde à l’occasion du 40e vendredi consécutif de manifestation depuis le 22 février dernier, a constaté un journaliste de l’AFP. Des manifestations ont également mobilisé plusieurs personnes dans des villes comme Oran et Tlemcen. Dans la capitale, on pouvait notamment entendre : « Nous demandons la liberté et on ne fera pas marche arrière ». Rachid, un fonctionnaire de 29 ans, a déclaré que le mouvement ne s’estompera que lorsque le régime sera vaincu. « Il y a neuf mois on est sorti marcher pour empêcher Bouteflika de mourir dans le fauteuil de président et on marchera jusqu’à la fin de son régime », a-t-il dit.

Une escalade des tensions cette semaine

Si les manifestants se sont séparés sans incidents ce vendredi, il faut tout de même noter que ces derniers jours, la protestation a pris une tournure un peu violente, tandis qu’elle changeait également de stratégie. Alors que la protestation avait toujours lieu le vendredi, cette semaine, des actions nocturnes ont été organisées mardi et mercredi.

Il y a eu l’arrestation de dizaines de marcheurs. Une trentaine à Alger où 8 manifestants ont été placés en détention provisoire ; une trentaine d’interpellations a également eu lieu dans la ville de Tiaret en marge d’un meeting du candidat Benflis, mais là seules 4 personnes ont recouvré la liberté. Selon le HuffPost Algérie, la police est intervenue contre la manifestation nocturne à Alger, avec « une violence rarement vue depuis février ». Cette escalade des tensions n’augure évidemment rien de bon même si le 40e vendredi fut assez pacifique, comme les précédents d’ailleurs.

Le Général Gaïd Salah affiche de plus en plus un air martial

Le changement de stratégie du Hirak (plus manifestations nocturnes en semaine) est intervenu après que la campagne présidentielle a été lancée dimanche, avec 5 candidats. Tous sortent des entrailles de l’ancien régime. Les partisans de la révolution eux boycottent l’élection, qui devrait avoir lieu le 12 décembre prochain.

Ils réclament la mise en place d’une transition, d’un gouvernement de consensus et la nomination d’un président, ce que rejette l’armée. Celle-ci argue que la proposition est inconstitutionnelle et source d’instabilité. L’armée rejette également toute transition, que ce soit en convoquant une assemblée constituante, ou des législatives anticipées, ou tout départ de l’équipe exécutive sortante.

Fait inquiétant, depuis quelques jours, le Général Gaïd Salah s’adresse au peuple en uniforme militaire, parfois même en tenue de combat, depuis l’intérieur de casernes. Est-ce une façon de mettre en garde les manifestants ?


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