Le parti sud-africain a beaucoup perdu du terrain aux dernières municipales, ne récoltant que 46,04% des voix. Le signe d’une désaffection constante de l’opinion.
C’est peu dire que l’ANC est en petite forme. Et cette situation pourrait bien le plonger dans un coma profond si ses responsables n’y prennent garde. Pour la première fois de son histoire en effet, le parti de Nelson Mandela échoue à franchir la barre des 50% à une élection. La mauvaise nouvelle est venue des dernières municipales dont les résultats ont été dévoilés jeudi 4 novembre par la commission électorale.
Celle-ci crédite le parti aux couleurs sang noir doré et vert de 46,04% des suffrages exprimés. Il s’en sort certes loin devant les 21,83% de l’Alliance démocratique (DA), premier parti d’opposition. Mais ce résultat l’oblige à nouer des alliances avec d’autres regroupements politiques pour conserver la direction de certaines grandes localités.
Rupture de confiance
Plus important, l’issue de ces locales est un crève-cœur pour un parti habitué à de véritables raz-de-marée lors des échéances électorales. Le président sud-africain et patron du parti, Cyril Ramaphosa, ne s’y est pas trompé en appelant les élus à œuvrer pour le renforcement de la confiance avec les citoyens à l’annonce des résultats. Car c’est bien de cela qu’il a été question lors de ce scrutin auquel moins de la moitié des inscrits ont finalement participé.
Les électeurs se sentent en effet trahis par des années de promesses non tenues dans plusieurs domaines. L’économie sud-africaine, une des plus grandes du continent, n’est pas en très bon état avec un chômage de 34,4% et un quotidien devenu très difficile pour de nombreuses populations. Comme si cela ne suffisait pas, plusieurs personnalités politiques se sont illustrées ces dernières années par des actes de prévarication innommables. Parmi elles, figurent des ex-responsables de premier plan de l’ANC, dont l’ancien chef de l’État déchut Jacob Zuma. En proie à de multiples accusations de corruption, ce dernier, 79 ans, jouit depuis septembre d’une liberté conditionnelle pour raison de santé.
Alerte
Cela ne contribue pas, selon de nombreux observateurs, à l’effectivité d’une justice dont les Sud-africains appellent de leurs vœux contre les pilleurs de la nation. D’où la sanction à travers les urnes, qui sonne comme un avertissement à l’endroit de Cyril Ramaphosa à l’aune de la présidentielle de 2024.
Décrit comme une personnalité consensuelle, le président a en effet jusqu’ici échoué à purger l’ANC de ses mauvaises graines. Mieux, 64% des Sud-africains ont le sentiment d’une exacerbation de la corruption dans le pays malgré ses assurances.
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