Le président dépassé par la problématique djihadiste est au centre des critiques à l’origine de la reprise en main du portefeuille de la Défense cette semaine. Pour le meilleur ?
Appelez-le désormais monsieur le président, ministre de la Défense. Acculé par la pression constante de l’opposition et d’une large partie de la population, Roch Marc Christian Kaboré a tenté cette semaine une manœuvre. Le chef de l’État qui a limogé ses ministres de la Sécurité et de la Défense s’est attribué ce dernier poste. Objectif : reprendre le cours des choses dans une lutte anti-djihadiste qui semble jusqu’ici échapper de plus en plus aux forces de défense de sécurité. Notamment au nord et dans l’est du pays, où les groupes armés sèment quotidiennement la mort dans leur sillage. La population désemparée ne sait plus à quel saint se vouer.
Le massacre de trop
La situation est si préoccupante que les autorités locales en viennent désormais à envisager la possibilité de négocier avec les djihadistes. Surtout depuis les événements meurtriers intervenus dans la nuit du 4 au 5 juin dernier. Ce jour-là, des individus, djihadistes présumés, se sont introduits dans le village de Solhan pour massacrer la population. Bilan : au moins 132 civils tués dont certains par des enfants âgés de 14 ans à peine, comme le révèle l’enquête en cours.
Pour le pays déjà fortement meurtri – plusieurs milliers de morts dus au terrorisme –, cet épisode apparaît comme le massacre de trop. L’opposition et la société civile accentuent depuis la pression sur le gouvernement accusé, de laxisme. Une plainte a même été déposée contre l’État par le collectif Balai Citoyen fortement impliqué dans la mobilisation anti-Blaise Compaoré en 2014, pour « non-assistance à personne en danger ».
Marge de manœuvre réduite
La grogne est de plus en plus persistante au sein de l’opinion. Le gouvernement dont la marge de manœuvre semble assez restreinte veut calmer le jeu. Il a ainsi été demandé par le chef de l’État à l’opposition de surseoir aux manifestations de protestation qui essaiment peu à peu tout le pays. Pour les proches du régime, le seul adversaire qui vaille d’être combattu actuellement est le terrorisme. Le Premier ministre Christophe Dabiré estime à cet effet que le président entend reprendre la main dans ce combat. Mais l’opposition qui attend plus qu’un simple remaniement ministériel, ne l’entend pas de cette oreille. Les quatre ans restants du second mandat de Roch Marc Christian Kaboré réélu l’an dernier seulement, pourraient s’avérer très longs pour l’intéressé.
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