Afrique du Sud : un nouveau scandale de corruption ébranle le gouvernement Ramaphosa

Le ministre en charge de la police a été suspendu de ses fonctions, le temps qu’une commission d’enquête fasse la lumière sur les accusations de collusion avec le crime organisé qui le visent. Des accusations d’autant plus significatives qu’elles émanent du chef de la police.

Cela fait désormais une semaine que Senzo Mchunu n’est plus ministre de la police sud-africaine. Mis en congé forcé par le président Cyril Ramaphosa, l’ancien premier ministre de la province du KwaZulu-Natal a été provisoirement remplacé par Firoz Cachalia, professeur d’université.

La décision présidentielle, intervenue dimanche 13 juillet 2025, fait suite à de graves allégations formulées contre le ministre suspendu par Nhlanhla Mkhwanazi, chef de la police provinciale, une semaine plus tôt. Le lieutenant-général accuse Mchunu d’avoir orchestré le démantèlement d’une unité spéciale d’enquête dans son intérêt personnel.

L’unité, chargée d’investiguer les assassinats politiques, aurait selon lui « démasqué un syndicat du crime » impliquant des parlementaires, des officiers de police et des procureurs, tous prétendument contrôlés par un cartel de la drogue et des hommes d’affaires véreux. L’un de ces hommes d’affaires entretiendrait des liens avec le ministre.

Une réponse qui laisse perplexe

Des « allégations très sérieuses avec potentiellement de graves implications pour la sécurité nationale », selon une déclaration de Vincent Magwenya, porte-parole de Ramaphosa, au média Bloomberg. Alors que Mchunu réclamait « une enquête urgente, approfondie et transparente », la pression politique a contraint le président à réagir.

Le chef de l’État a annoncé la mise à pied de son ministre et la création d’une commission d’enquête judiciaire chargée d’élucider « les allégations relatives à l’infiltration des forces de l’ordre, du renseignement et des institutions associées au sein du système de justice pénale par des syndicats criminels ».

L’organe présidé par le juge en chef par intérim Mbuyiseli Madlanga devra également « faire des recommandations sur le statut professionnel de ces fonctionnaires, notamment s’ils doivent être suspendus en attendant l’issue d’autres enquêtes ».

Cette nouvelle commission d’enquête suscite cependant plus de scepticisme que d’espoir au sein de la classe politique. Ramaphosa est ainsi accusé par le parti de l’ancien président Jacob Zuma de « nettoyer ses activités illégales » à travers ce mécanisme qualifié de « blanchisseuse ».

Un combat raté contre le crime ?

« Le pays ne peut pas se permettre de constituer un autre recueil détaillé de conclusions qui prennent la poussière, tandis que les personnes liées à des réseaux politiques échappent à la justice », a fustigé pour sa part, l’Alliance démocratique (DA), membre de la coalition gouvernementale.

Selon Bloomberg, cette nouvelle affaire de corruption est susceptible de porter atteinte aux ambitions proclamées par Cyril Ramaphosa de mettre fin au crime organisé dans une Afrique du Sud où en moyenne plus de 60 personnes sont assassinées quotidiennement.

La confiance du public envers la police, déjà à son plus bas niveau avec seulement 22% d’avis favorables, pourrait également en pâtir.


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