Charge du Ghana envers Donald Trump

Le président américain qui accuse l’Afrique du Sud de discrimination d’État contre sa population blanche, s’est vu administrer une vérité historique par son homologue ghanéen John Dramani Mahama.

Il y a des moments de l’histoire dont on se rend coupable en les passant sous silence. John Dramani Mahama a choisi d’élever la voix. Face aux accusations de racisme anti-blancs proférées par le président américain Donald Trump contre l’Afrique du Sud, le chef de l’État ghanéen s’est érigé en défenseur de tout un continent.

« Une insulte à tous les Africains », écrit-il dans une tribune parue mercredi 28 mai dans le quotidien britannique The Guardian, en réponse à un épisode récent : la visite très médiatisée de son homologue d’Afrique du Sud Cyril Ramaphosa à Washington, une semaine plus tôt.

Reçu au Bureau ovale par Donald Trump, le dirigeant sud-africain a été confronté par son hôte à des images censées étayer la discrimination et le meurtre de fermiers blancs dans le pays de Nelson Mandela.

La séquence de plusieurs minutes, diffusée en direct par de nombreuses chaînes de télévision américaines, a été qualifiée par plusieurs observateurs de piège tendu à Ramaphosa, tant les prétendues « preuves » brandies par Trump relèvent de la manipulation et du mensonge.

Le langage comme champ de bataille

« Ce sont des articles de ces derniers jours. La mort de gens, la mort, la mort, la mort, la mort horrible, la mort… Les Sud-Africains blancs prennent la fuite à cause de la violence et de lois racistes », a déclaré le président américain, brandissant des documents sans contexte, dont une photo d’article de presse censée étayer ses dires.

Comble de la manipulation : lesdites images proviennent en réalité d’une vidéo tournée à Goma, ville de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), objet d’une guerre entre les rebelles du M23 et l’État central, comme l’a attesté le journaliste de l’agence Reuters Djaffar Al Katanty, leur auteur.

« Il ne suffit pas d’être indigné par ces affirmations, ou de les écarter négligemment comme des contre-vérités », affirme John Dramani Mahama. Pour ce dernier, cet épisode illustre parfaitement la stratégie de « la conquête par le langage », telle que théorisée par l’écrivain kényan Ngũgĩ wa Thiong’o.

La vérité d’une nation longtemps meurtrie

« La persécution raciale des Sud-Africains noirs était enracinée dans un système consacré par la loi », rappelle le chef de l’État du Ghana en référence à la période de l’apartheid, dont les stigmates sont encore visibles dans le pays.

« Il y a toujours quelques endroits en Afrique du Sud où seuls les Afrikaners sont autorisés à posséder des biens, vivre et travailler », ajoute John Dramani Mahama, qui s’interroge alors que les fermiers blancs sud-africains cherchent refuge aux États-Unis : « Pourquoi les Afrikaners qui partent pour l’Amérique n’avaient-ils pas cherché refuge dans l’un de ces endroits ? »

« Ramaphosa fut pris au dépourvu par Trump avec ces accusations non fondées (…) Trump refusa d’écouter tandis que Ramaphosa insistait que son gouvernement n’avait aucune politique officielle de discrimination », souligne encore le président ghanéen.


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