Après près de 60 ans de règne sans partage, le parti démocratique du Botswana (BDP) vient d’essuyer une défaite retentissante lors des législatives, perdant de même la présidence de la République.
Un séisme politique au Botswana. Alors que l’opposition était annoncée divisée, elle vient de ravir pour la première fois en 60 ans, la présidence de la République des mains du parti au pouvoir à l’issue des élections générales du mercredi 30 octobre.
« Je souhaite féliciter l’opposition pour sa victoire et concéder l’élection », a déclaré le chef de l’État sortant Mokgweetsi Masisi, face à la presse ce vendredi 1er novembre, alors que les premiers résultats se révèlent sans appel.
Ils placent notamment la coalition de gauche Umbrella for Democratic Change (UDC) en tête avec un minimum de 31 sièges sur les 61 du Parlement en jeu. De quoi lui conférer la victoire selon le mode de scrutin, qui consacre le parti arrivé en tête.
« Nous avons eu tout faux aux yeux du peuple », a reconnu Masisi, face à l’ampleur de la déconvenue des siens à ce scrutin. Le BDP étant de fait condamné à vivre dans l’opposition après un règne quasiment sans partage.
Un pouvoir très critiqué
Un règne objet cependant, de plusieurs critiques de corruption et de malversation, dans un contexte économique précaire. Le pays d’Afrique australe dépendant du diamant, a en effet vu sa croissance ralentir ces dernières années alors que le chômage explose le plafond.
« Les citoyens ont l’impression de ne pas profiter pleinement des richesses minières du pays », indiquait il y a quelques jours dans les colonnes de l’AFP, Tendai Mbanje, chercheur au Centre africain pour la gouvernance.
« Ceux qui espéraient que Masisi tiendrait ses promesses sont déçus. S’il l’emporte, ce sera avec une marge faible », pronostiquait de son côté, le commentateur politique Adam Phetlhe, toujours auprès de l’agence de presse française.
Une prédiction d’autant plus significative que le microcosme politique botswanais est allé aux élections en rangs dispersés. Le Front patriotique du Botswana (BPF) et le Parti du Congrès du Botswana (BCP) ayant claqué la porte de l’UDC.
Duma Boko au pouvoir
Et pourtant, Mokgweetsi Masisi se montrait triomphant. C’est sans compter avec le sentiment exacerbé de désillusion au sein de la population.
« Les Botswanais réclament un changement et aspirent à quelque chose de rafraîchissant et de différent », a déclaré, ce vendredi dans la presse sud-africaine, Duma Boko, chef de file de l’UDC et probable nouveau président.
Cet homme de 64 ans, avocat spécialisé dans les droits humains et diplômé de Harvard, accède ainsi au pouvoir après trois participations à la présidentielle. Il aura la lourde charge d’amorcer un redressement économique à travers une diversification des sources de revenus du pays.
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