Tensions préélectorales au Ghana

L’opposition et le pouvoir se déchirent autour du fichier électoral à quelques mois de la présidentielle.

Les rues du Ghana ont résonné, mardi 17 septembre, au son des manifestations organisées par le principal parti d’opposition, le Congrès national démocratique (NDC). Tout de rouge vêtus – comme un symbole –, plusieurs milliers de personnes ont manifesté.

D’Accra, la capitale, jusqu’aux autres régions du pays, le maître mot des manifestants aura été de présumées irrégularités contenues dans le fichier électoral. Des irrégularités susceptibles de saper selon eux, l’intégrité des prochaines échéances électorales.

Le pays d’Afrique de l’Ouest se prépare à organiser, le 7 décembre prochain, des élections générales censées contribuer au renouvellement de l’équipe dirigeante, dont l’actuel chef de l’État Nana Akufo-Addo arrivé au terme de ses deux mandats constitutionnels.

Un climat de suspicion

L’opposition qui a désigné John Dramani Mahama (2012-2017) pour ce scrutin, exige ainsi le toilettage complet de la liste de votants. Une doléance renforcée par un sentiment croissant de perte de confiance entre elle et le pouvoir qui sera représentée à la présidentielle par le vice-président sortant Mahamudu Bawumia.

Les lignes semblent d’autant plus fracturées entre les deux parties depuis le licenciement très médiatisé en août dernier par la Commission électorale, d’un directeur de district dans la ville de Pusiga, au nord-est du pays accusé d’avoir modifié l’inscription des votants à leur insu.

« Comment puis-je aller voter à Tamale ?« , s’insurge dans les colonnes de Reuters, Kwame Acheampong, 68 ans, un des manifestants de ce mardi, dont le vote a été transféré d’Accra à cette ville lointaine du nord du pays.

Toutes les forces vives sollicitées

Alors que la Commission électorale rassure de sa bonne foi, promettant notamment de tenir des élections sincères, l’opposition campe sur ses positions. Les protestateurs ont ainsi sollicité l’intervention d’observateurs internationaux, du Conseil pour la paix du Ghana et d’organisations religieuses ou de la société civile dans cette crise inquiétante.

Elle pourrait en effet déboucher sur un conflit post-électoral en cas de contestation des résultats en décembre prochain. Cela rappelle le scénario de la dernière présidentielle qui a vu au moins huit personnes périr en raison de troubles issus des accusations de fraude émises par l’opposition.

« La démocratie ghanéenne est sérieusement mise à l’épreuve et nous voulons (qu’elle) prévale. Il est temps de se mobiliser pour écarter tous les éléments susceptibles de nous plonger dans un conflit plus important », a plaidé le président de la Commission électorale Johnson Asiedu Nketia, cité par Reuters.


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