La mort tragique de l’athlète ougandaise Rebecca Cheptegei, brûlée par son compagnon le dimanche 1er septembre, a provoqué une onde de choc au Kenya. Révoltées par ce meurtre, des organisations de protection des droits des femmes appellent les autorités kenyanes à agir contre les violences sexistes dans le pays.
Rebecca Cheptegei, athlète ougandaise de 33 ans, s’est éteinte le jeudi 5 septembre 2024 dans un hôpital au Kenya, où elle était soignée après avoir été brûlée vive par son partenaire. La jeune dame avait participé au marathon féminin des Jeux Olympiques de Paris, en août dernier.
Rebecca Cheptegei tuée pour un différend financier
Le drame s’est produit le dimanche 1er septembre. Rebecca Cheptegei rentrait de l’église avec ses enfants à son domicile d’Endebess, dans l’ouest du Kenya, quand son compagnon l’a arrosée d’essence et embrasée. Brûlée à plus de 80% de son corps, l’athlète n’a pas pu survivre. Elle sera inhumée ce samedi dans le village de sa famille, dans l’est de l’Ouganda.
Selon le père de la défunte, l’attaque meurtrière a pour origine un différend au sujet du terrain que sa fille avait acheté pour construire sa maison. Le partenaire en question, du nom de Dickson Ndiema Marangach, a également été brûlé à 30%. Lui aussi a rendu l’âme, le lundi 9 septembre, échappant à la justice des hommes. Ce féminicide a suscité horreur et indignation dans le monde entier.
Les violences sexistes, un problème trop souvent ignoré
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a condamné un « meurtre violent », « qui illustre un problème plus large trop souvent ignoré », celui des « violences faites aux femmes ». De son côté, la Fédération ougandaise d’athlétisme a rendu hommage à Rebecca Cheptegei, une « victime tragique de violence domestique ». Au Kenya, le meurtre de la marathonienne ougandaise a révolté les organisations de protection des droits des femmes.
725 femmes tuées en 2022 au Kenya dans des violences liées au genre
Ces associations notent que le décès de Cheptegei n’est hélas pas un fait isolé. C’est le troisième d’un athlète en moins de quatre ans, dont deux femmes. Plus globalement, 725 femmes ont perdu la vie en 2022 dans des violences liées au genre, selon un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Un record depuis 2015. L’organisation Femicide Count Kenya, elle, a recensé au moins 152 féminicides pour l’année 2023. Le nombre réel pourrait être beaucoup plus élevé car elle ne compte que les cas relatés dans les médias.
Agir plus efficacement pour protéger les femmes
Pour l’association « Usikimye » (« Ne reste pas silencieuse » en swahili), il y a urgence à agir plus efficacement contre les violences sexistes pour protéger les femmes et prévenir les féminicides au Kenya. Sa fondatrice Njeri Migwi a appelé le gouvernement à prendre ses responsabilités. Elle regrette que l’Etat ne fasse « vraiment rien à ce sujet », alors que les meurtres se multiplient.
De la nécessité de punir les féminicides
Njeri Migwi souhaite des réformes dans le système judiciaire afin que les violences sexistes soient considérées « comme un crime ». Cela permettra de dissuader les hommes violents et de garantir la sécurité des femmes. Harriet Chiggai, la conseillère du président William Ruto pour les droits des femmes, a déploré en Cheptegei une nouvelle victime de cette « pandémie toujours silencieuse ». Elle a assuré travailler sur « des mécanismes de prévention, de signalement et de réponse » à la violence sexiste.
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