Sénégal: la presse étranglée par le nouveau pouvoir ?

Le secteur déjà en proie à des défis structurels accuse le régime du président Bassirou Diomaye Faye de précipiter sa déliquescence.

Les nouvelles autorités sénégalaises voudraient-elles péricliter la presse ? C’est en tout cas ce que croient les acteurs de ce secteur réputé pour être l’un des piliers démocratiques du pays. Ils en veulent notamment pour preuve, un certain nombre d’agissements du nouveau pouvoir.

Ce dernier, sous la houlette du président Bassirou Diomaye Faye élu en mars dernier, s’est en effet juré de mettre fin à la pratique consistant à effacer l’ardoise fiscale des entreprises de presse. Il a ainsi refusé d’honorer un tel engagement émis par son prédécesseur, Macky Sall.

Blocage des comptes bancaires et mises en demeure se poursuivent de la part de la Direction des impôts depuis deux mois pour tenter de recouvrer environ 39 milliards de francs CFA dus aujourd’hui par la presse au fisc.

Une conjoncture difficile

« Nous avions l’engagement du président d’un effacement fiscal, il y a la continuité de l’État. Donc, même si le nouveau régime devait nous dire : ‘Écoutez, je ne suis pas d’accord avec cette démarche.’ Mais on ne peut pas venir nous imposer là, tout de suite, le paiement de cette somme-là », reproche Mamadou Ibra Kane, patron de la coordination des associations de presse, dans les colonnes de RFI.

Le patron du groupe Africom a annoncé, le 5 août dernier avec fracas, la suspension sans délai de la parution de deux de ses titres Stades et Lamb (lutte en langue wolof), les deux seuls quotidiens consacrés aux sports dans le médiatique sénégalais.

Selon M. Kane, cette décision intervient dans un contexte difficile marqué par « deux ans d’exercices déficitaires, des dettes colossales, des retards de paiement des salaires et l’arrêt du paiement des cotisations sociales ».

Journée sans presse

Il met par ailleurs en avant « un environnement hostile, marqué par la pression fiscale, l’absence de loi sur la publicité et un financement à des taux prohibitifs ». Cette situation dénoncée par la majeure partie des groupes médiatiques a convaincu ces derniers d’initier une journée de protestation.

Le mardi 13 août dernier, de nombreux médias à l’exception du quotidien national Le Soleil et de quelques autres titres, ont observé une grève, mettant notamment en veilleuse parution et couverture de toutes les activités.

Les associations de défense des médias appellent le gouvernement au dialogue afin de trouver un équilibre au bénéfice de tous. Il y va de l’avenir même de la démocratie sénégalaise, dont la presse a toujours été le garant.


Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*