Après le Koweït et l’Algérie, entre autres, le Cameroun interdit à son tour le film américain Barbie. Le ministère de la culture reproche au long-métrage l’absence de visa réglementaire et d’affichage des restrictions d’âges.
Aucune réelle explication donnée à l’interdiction
Au Cameroun, le film Barbie vient d’être interdit de diffusion dans les salles obscures. La Direction de la cinématographie et des productions audiovisuelles (DCPA) du ministère de la Culture a sommé les gestionnaires des salles de cinéma du pays de retirer le film de leur programmation. Sans donner réellement d’explication à cette censure, elle indique dans un communiqué avoir observé une prolifération d’œuvres sans visas réglementaires, ni affichage des restrictions d’âges.
De son côté, le ministre de la culture, Bidoung Kpwatt, juge essentiel d’assurer le respect « des bonnes mœurs et des traditions culturelles nationales ». Il croit également indispensable de « barrer la voie aux influences négatives sur la jeunesse ». On pourrait raisonnablement penser que le film Barbie a été interdit pour ne pas saper les valeurs de la société camerounaise et corrompre les plus jeunes à travers les opinions véhiculées.
Une interdiction sur pression de l’opinion nationale ?
La censure du ministère de la culture semble être une réponse aux critiques émises par une partie de la population. En effet, de nombreux Camerounais ont demandé à interdire la diffusion ou la projection de ce film dans leur pays par crainte qu’il pervertisse les enfants. Le long-métrage était déjà diffusé à Canal Olympia Douala et Yaoundé depuis le mercredi 16 août. D’après Pathé BC Afrique, la structure chargée de distribuer Barbie en Afrique, cette décision unilatérale des autorités camerounaises est injustifiée.
Elle dit avoir enclenché le processus d’obtention du visa d’exploitation sans que la DCPA m’émette de réserve. L’organisme aurait autorisé la projection du film dans les salles de cinéma, après l’avoir regardé sous tous les angles. Pathé BC Afrique pense donc qu’il a fait marche arrière sur pression de l’opinion nationale, qui identifie dans le film plusieurs éléments présumés non conformes avec la culture africaine. Parmi lesquels l’homosexualité, passible d’emprisonnement dans le pays.
Un film pas vraiment familial
En juin dernier, le Conseil National de la Communication – le régulateur des médias au Cameroun – avait déjà menacé de suspendre les distributeurs de chaînes de télévision qui diffusent des scènes d’homosexualité. L’interdiction de Barbie s’inscrit dans la même logique. Mais de quoi parle au juste ce long-métrage ? Produit par Greta Gerwig, Barbie met en scène la gamme de poupées du même nom créée par la société Mattel. Il raconte l’histoire d’une poupée qui quitte son monde féerique de Barbie Land pour chercher le bonheur dans le monde des humains. Dans sa quête, elle se fait accompagner d’un semblable masculin du nom de Ken, fou amoureux d’elle.
Si Barbie est présenté comme un film familial, il n’en est véritablement rien. Il pourrait mettre mal à l’aise certains parents devant leurs enfants. En effet, il y a de nombreuses allusions aux appareils génitaux de Barbie et ses semblables. Son look acidulé et un peu léger risque également d’influencer les plus petits. Sans oublier les rapports flous entre les personnages, proches de l’homosexualité.
Le Cameroun après le Liban, le Koweït, l’Algérie…
Au-delà, Barbie peut poser problème dans les pays conservateurs, où le patriarcat règne, à cause de sa vision de l’émancipation des femmes. En effet, à Barbie Land, ce sont les « Barbies » qui occupent toutes les fonctions traditionnellement réservées aux hommes. Les poupées masculines, les Ken, sont reléguées au second plan. De plus, les Barbies ne font rien de ce que les femmes devraient faire ; à savoir enfanter ou s’occuper des enfants. C’est sûrement la raison pour laquelle le blockbuster a été interdit au Liban, au Koweït et en Algérie, notamment. Même si ces pays font valoir une atteinte à la morale publique. Dans le monde occidental, en revanche, Barbie ne fait pas l’objet de polémique. Il y bat d’ailleurs des records au Box-office et en termes de recettes.
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