L’ancien président ivoirien va créer un nouveau parti afin d’échapper à l’emprise de son ancien Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan, sur sa formation politique de toujours. Objectif : marquer sa revanche face à l’histoire.
Laurent Gbagbo a la politique dans le sang. On s’en doutait un peu au vu de la trajectoire sinueuse de l’intéressé, mais les actes posés par l’ancien président ivoirien depuis son retour de La Haye en donnent un nouvel aperçu. Ils témoignent du désir de l’ex-professeur d’histoire de demeurer une figure incontournable dans le paysage politique de son pays. Pour ce faire, Gbagbo est prêt à abandonner le Front populaire ivoirien (FPI), parti fondé par sa future-ex-épouse Simone Gbagbo et lui, et qui l’a conduit à la présidence de la République en 2000 au terme d’une aventure faite d’exils et de multiples séjours en prison.
L’intéressé l’a fait savoir le 9 août dernier à ses militants, non sans décocher quelques flèches à son ancien Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan (Affi) accusé de s’accaparer du FPI au prétexte de la légalité.
Depuis 2015, le parti est en effet scindé en deux : le clan des indécrottables fidèles de Gbagbo désigné sous l’appellation « FPI Gor » (pour Gbagbo ou rien) et celui des proches d’Affi N’Guessan. Ce dernier ayant finalement réussi à se faire reconnaître par la loi comme président légitime, après une âpre bataille judiciaire.
Rester dans le jeu
Mais Gbagbo revenu de la CPI plus mordant que jamais n’a manifestement pas le temps de s’engager dans un bras de fer avec Affi qu’il qualifie aujourd’hui d’ingrat en des termes à peine voilés. Cela pourrait compromettre son agenda dont la finalité n’est autre que la présidentielle de 2025, selon de nombreux observateurs. Malgré ses 76 printemps, Laurent Gbagbo toujours aussi populaire en Côte d’Ivoire plus de dix ans après l’éclatement de la crise post-électorale de 2010 et son séjour à la CPI, est convaincu de pouvoir à nouveau diriger son pays. D’autant que ses adversaires politiques historiques Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié restent dans la partie.
Se faire à nouveau élire chef de l’État serait par ailleurs un clin d’œil cocasse à l’histoire de la part de l’ancien célèbre prisonnier de La Haye. Lui qui reste convaincu d’avoir été en 2010 victime d’une machination lors de son éviction du pouvoir par les armes en 2010 après son refus de reconnaître sa défaite face à Ouattara quelques semaines plus tôt. D’où ce besoin irrépressible d’accéder à nouveau au Graal. Quitte à rompre avec son FPI.
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