La Tunisie a fêté, le jeudi 13 août 2020, le 64ème anniversaire du Code du statut personnel (CSP) instauré par Habib Bourguiba en août 1956. Révolutionnaire et unique dans le monde arabe, cette série de lois progressistes a permis une rupture de pratiques archaïques dévalorisant la femme tunisienne. Mais, depuis la révolution de 2011, certains acquis ont été remis en question.
Tous les 13 août, la Tunisie fête son Code du statut personnel (CSP) promulgué par Habib Bourguiba en 1956, avant même l’établissement de la Constitution tunisienne. Une première dans le monde arabe, et même par rapport à certains pays occidentaux. Ce CSP a permis aux Tunisiennes d’accéder à des droits et des devoirs plus étendus. Globalement, il détermine le principe de l’égalité de l’homme et de la femme sur le plan de la citoyenneté. Il pose par exemple le principe du consentement mutuel des époux comme règle de validité du mariage, institue un âge minimum obligatoire, instaure une procédure judiciaire du divorce et autorise la femme à le demander. En outre, il attribue à la femme un droit de tutelle sur ses enfants mineurs au décès du père, lui permet de contribuer aux charges familiales ou encore abolit la polygamie.
La seule limite que le CSP impose est la question d’héritage, en raison de la clarté du propos dans le Coran. Bourguiba a tenté en 1974 d’initier une discussion sur un projet de loi sur l’égalité successorale entre frère et sœur, mais il a dû renoncer à son projet. Le Coran estimant qu’il revient à l’homme la part de deux femmes.
Le combat continue pour conserver les acquis
Si le CSP reste une révolution, ses acquis sont aujourd’hui menacés par la poussée islamiste, malgré la révolution de 2011. Les modernistes, attachés à la démocratie ont subi des revers électoraux et ont disparu de la scène politique. Entre temps, les conservateurs ont tenté d’avancer leur pion. Le 31 juillet 2012, le gouvernement provisoire avait voté en commission, un article qui avait déchaîné les foudres des Tunisiennes : il désignait la femme comme complémentaire de l’homme. Le mot « complémentaire » a dû être remplacé par « égale » après une forte mobilisation de la société civile, des féministes et des partis de l’opposition.
Nécessité de travailler encore sur les mentalités
Ainsi, les Tunisiennes continuent de batailler pour leur droit, malgré les grandes réformes introduites depuis l’indépendance. Ce qui démontre que les textes de lois ne suffisent pas à changer les mentalités. La société tunisienne étant encore tiraillée entre modernité, liberté et l’émancipation d’une part, et respect du conservatisme le plus rétrograde d’autre part. Dans ce contexte, travailler sur les mentalités reste l’unique chantier qui vaille la peine. Il faudra notamment s’appliquer à déconstruire l’imaginaire patriarcal encore enraciné dans ce pays d’Afrique du nord.
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